La formation professionnelle conventionnelle des médecins | ![]() |
Écrit par Hubert Darne |
Mercredi, 03 Mars 2010 17:17 |
En attendant la mise en place du développement professionnel continu, c'est la formation professionnelle conventionnelle qui est la référence en matière de formation continue et d'évaluation des pratiques pour les médecins.
Alors que le développement professionnel continu (DPC) devait immédiatement faire suite à la formation médicale continue (FMC) et à l'évaluation des pratiques professionnelles, c'est un autre dispositif qui assure une transition chaotique entre ces deux systèmes : il s'agit de la formation professionnelle conventionnelle (FPC). Alors que plus de 42 000 médecins avaient déjà participé à au moins une session de formation continue entre 2001 et 2009 et gagné des “points” ou plutôt des “crédits”, tout en s'investissant pour la plupart en parallèle dans des démarches d'évaluation des pratiques professionnelles, les pouvoirs publics ont décidé de changer les règles en raison, semble-t-il, d'un manque d'indépendance de la FMC vis-à-vis de l'industrie pharmaceutique. Il est vrai qu'il suffisait de fréquenter quelques manifestations estampillées FMC pour se rendre à l'évidence : des laboratoires omniprésents, des orateurs méprisant les déclarations de conflits d'intérêts et des médecins stressés à l'idée de ne pas avoir le bon certificat pour obtenir les fameux crédits, qui n'ont pourtant jamais servi à quelque chose... Le DPC prend du retard, la FPC s'installe Faute d'accord entre les différents partenaires face à une réforme mal acceptée par la profession, le développement professionnel continu des médecins a pris du retard. Il faut dire que les enjeux sont considérables et certains tremblent pour leurs affaires. La rupture avec la FMC est pourtant consommée. À tel point que la liste des textes fondateurs de la formation professionnelle conventionnelle disponible sur le site de l'Organisme gestionnaire conventionnel (OGC FPC), assurant la gestion administrative et financière au quotidien du nouveau système, donne l'impression que la FPC est et a toujours été l'unique élément d'une politique de formation qui se voulait ambitieuse. De nombreux faux-semblants Il est vrai qu'en théorie tout paraît limpide. Les projets de formation sont validés par le conseil scientifique de la formation professionnelle conventionnelle dans le cadre d'un appel d'offres de la FPC et « des visites sur site sont organisées en aval pour pérenniser la qualité des formations. La FPC est pilotée par deux instances politiques (la CPN, commission paritaire nationale et le CPN FPC, comité paritaire national) composées à parts égales de représentants de l'UNCAM (Union nationale des caisses d'assurance maladie) et de représentants des syndicats de médecins signataires de la Convention. En pratique, tout n'est pas si rose. Il semble, en effet, que des organismes formateurs acceptent de mettre discrètement en place pour l'industrie des formations soi-disant indépendantes et que ces organismes réussissent à ce qu'elles soient validantes pour la FPC alors qu'elles ne sont financées que par un seul laboratoire... Comment sauver les apparences ? Tout simplement en organisant un congrès où les séances plénières sont animées par des intervenants appartenant ou payés par le laboratoire et où des ateliers sont mis au point par l'organisme formateur, ce dernier facturant ses services au laboratoire et rétribuant officiellement les médecins qu'il est censé avoir choisi, mais qui lui ont été, en fait, “conseillés” par son commanditaire. Dans ces conditions et après les doutes ayant pesé sur la gestion de la pandémie grippale en France, on comprend aisément que la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, ait eu des scrupules à accepter que la FPC soit prolongée. D'autant que la Convention de 2005 est arrivée à son terme en janvier. Un appel d'offres pour 2011 va pourtant bien être lancé fin mars et les crédits vont toujours faire recette... |
Mise à jour le Mercredi, 03 Mars 2010 20:26 |